|                                   L'ETRANGER Y VINT S'ASSEOIR           Ceci se passe au Liban. Demandez à tout jeune enfant Comment il aime sa maman, Il répond immédiatement: "Comme la mer!" Evidemment!... On me demande aussi souvent: "Pourquoi restez-vous au Liban?..." "Qu'y trouvez-vous d'intéressant?..." Ma réponse est toujours la même: "Comment quitter ce que l'on aime?..."   Liban, oui, j'aime ton soleil Qui me dit: "Beau jour" au réveil, Et ta mer en Côte d'Azur Qui peut servir, j'en suis très sûr, Si Dieu voulut d'un geste aimant Qu'Eva naquît dans son Liban, Et si le jardin d'Eden, Etait ici tout près d'Ehden Avec ses pommes délicieuses Qui ne sont pas peccamineuses...   J'aime tes cèdres imposants A qui je brûle cet encens, Pour dissiper les sortilèges Soufflés sur les tapis des neiges, Jetés en pâture aux journaux Comme le grain des étourneaux... J'aime le bruit des cavalcades Des chevreaux noirs vers les cascades, Les parfums d'anis et de thym Que l'on distille le matin, Et donne à tous les grands-parents L'espoir de vivre au moins cent ans, Pour tracer à la verticale Une lignée patriarcale, Avec de très nombreux garçons Pour semer de nouveaux sillons, Et des filles près des fontaines, Imitant les Samaritaines, Offrant de l'eau au Reposoir QUAND L'ETRANGER Y VINT S'ASSEOIR... J'ai bu cette eau pour être heureux Comme un ancien philtre amoureux De nos légendes d'Armorique, Et j'ai trouvé l'anneau magique Dans la source de son village Le jour de notre mariage.   Yves Cariou -                               1967 |